Stella


STELLA


Réalisé par Sylvie Verheyde





Le troisième long métrage de Sylvie Verheyde met en confrontation deux mondes différents, qui ont en commun une gamine grandissant trop vite. Après Un frère et Princesses avec Emma De Caunes et Jean-Hugues Anglade, la réalisatrice s’essaie au film autobiographique, mal estampillé comédie dramatique et réunit des acteurs connus ou pas. Le casting est en effet bien éclectique : Léora Barbara en Stella, Karole Boucher, sa mère, Benjamin Biolay son père et Guillaume Depardieu son meilleur ami, une des dernières apparitions.

1977, Stella entre en sixième dans un grand lycée parisien qui contraste avec son quotidien du café d’ouvriers, toujours plein, où elle vit. Elle grandit entre ceux qui dépensent leur paye en demi de bière et parties de cartes, et l’univers bien différent du lycée bourgeois qu’elle fréquente. Avec son lot de « garces » qui ne lui rendent pas le vie facile.

Un an pour la suivre, une heure et demi pour la regarder évoluer, rire, pleurer, souffrir, grandir.
Malgré quelques longueurs et de petits anachronismes, notamment pour les séquences tournées dans la rue (difficile de croire au sac poubelle transparent du plan Vigipirate en 1977…), le bilan général du film est positif : poignant, ce portrait de famille qui tourne autour de la fillette complexée par sa position sociale, montre le côté attachant de Stella. Grâce à sa voix en filigrane et aux plans rapprochés, on pénètre les pensées de la petite, on se met à sa place, on jubile qu’elle batte Guillaume Depardieu aux cartes, on tremble lorsqu’ elle passe au tableau écrire un mot dont elle ne connait même pas l’existence, etc. Difficile de ne pas résister à la mélancolie et à la profondeur du film.

Ce café malsain où finalement la solitude règne permet à deux acteurs que tout oppose (Depardieu et Léora Barbara qui joue Stella) de se trouver et de lier une amitié salutaire, tant pour l’un que pour l’autre. Une petite fille, deux mondes et deux amis, le scénario est une sorte de réunion d’une « schizophrénie du quotidien ». Elle est partagée, perpétuellement coupée en deux. Mais pas les spectateurs, unanimes à la sortie de la projection.

Comédie dramatique ? Non, plus drame qu’autre chose : une petite fille de onze ans débarquée dans un univers dont elle ne connait aucun code ni langage et qui pour combler des lacunes héritées du milieu social de ses parents se heurte à la solitude, la comédie est assez loin. A qui se confier ou demander conseil quand personne ne peut comprendre ce qu’elle vit ? Au-delà de la simple année scolaire pendant laquelle on la suit, le film pose délicatement le sujet d’une enfance trop vite avortée.

Face à certains autres film français du box-office sortis à la même date, on peut se demander pourquoi deux semaines après sa sortie, ce long métrage n’est plus diffusé que dans une quinzaine de salles à Paris et région parisienne. Dommage.

Claire Berthelemy

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