Caos Calmo


CAOS CALMO


Réalisé par Antonello Grimaldi
Écrit par Nanni Moretti, Laura Paolucci et Francesco Piccolo





Alors que Pietro vient de sauver une inconnue de la noyade, il est confronté à la mort accidentelle de sa femme, le laissant seul avec sa fille d’une dizaine d’années. Le deuil devient le thème central de ce drame intimiste où l’on reconnaît l’univers de Nanni Moretti. Il est l’interprète principal de cette adaptation d’un best seller italien dont le soin de la réalisation est laissé à Antonello Grimaldi. L’émotion, la poésie et le talent de l’acteur nous emportent malgré quelques fausses notes.

Le thème du deuil nous fait bien sûr repenser à La chambre du fils où les regrets et la culpabilité étaient mis en avant. Mais ici la douleur du personnage se manifeste de manière sourde. Pietro décide pourtant d’effectuer des changements dans sa vie. Il trouve son travail d’homme d’affaire futile et se désintéresse totalement de la fusion dont il est actuellement question dans son entreprise. Il veut se rapprocher de sa fille et décide de passer ses journées dans le square en face de son école. C’est dans ce lieu de passage qu’il établit sa nouvelle demeure, le cadre de moments attendrissants, pleins d’humanité. Ce qui compte pour lui désormais, ce sont les petits riens de la vie et les bonheurs du quotidien. Son attitude contemplative lui permet de mieux se pencher sur soi-même et de revenir à l’essentiel. Sa voix off intervient à plusieurs reprises et l’isole du monde environnant. Il fait le bilan de sa vie, essaye de comprendre pourquoi la mort de sa femme ne l’affecte pas plus que cela, et pourquoi il n’aperçoit pas non plus de signes de tristesse sur le visage de sa fille. Une musique très présente permet également de nous faire ressentir son état intérieur qui bouillonne, souffre, très loin de l’image extérieure qu’il donne de lui-même. Comme il a décidé de rester dans ce square, c’est son entourage qui vient à lui. Que ce soit ses collègues, son frère ou son ancienne maîtresse, leurs vies artificielles dont ils lui font le récit sans se soucier de son drame personnel ne lui fait en rien regretter son nouveau choix de vie. Il se rend même compte qu’il était dans l’erreur par le passé, comme un étranger pour sa femme. Les défauts de ce drame viennent sans doute du caractère trop illustratif de quelques séquences. Par exemple, le parallèle semble être un peu trop appuyé entre la scène où il mange des spaghettis avec un inconnu comme exemple de la générosité humaine avec celle de la discussion de la fusion avec un de ses collègues trop attiré par l’appât du gain. Enfin on ne sait que conclure de la scène de sexe assez crue qui intervient vers la fin du film : rompant avec la poésie qui émanait du square, il est difficile de la considérer comme une avancée dans le travail du deuil. Le personnage incarné par Nanni Moretti restera dans ce « chaos calme ».

Dorothée Jouan

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