Chronique : Gainsbourg 2008


GAINSBOURG 2008






Jusqu’au 1er Mars 2009 (Cité de la Musique)

Quoi de plus classe que de passer un après-midi avec le crooner le plus branché de cette décennie ? L’artiste semble s’être installé au Musée de la Musique... Le lieu s’est métamorphosé en un club de jazz de l’ancien Paris ; atmosphère voilée, lumière tamisée, quelques spots éclairent les 24 piliers qui jonchent la pièce, vitrine-miroir qui longe le mur où des feuillets de paroles, des carnets d’écritures sont présentés. Les paroles de ses chansons lues par Alain Bashung, Vanessa Paradis, Juliette Gréco, Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg… mêlés aux clips, aux interviews vidéos entre autres de Barbara (qui qualifie l’homme comme l’élégance même, « dont le regard mordant et agressif cache un certain désespoir »), aux photos en noir et blanc de Boris Vian, de Brigitte Bardot, de Marylin Monroe et aux peintures d’Edward Hopper forment un petit kaléidoscope qui joue avec les mots, la musique et l’image. La galerie fait figure de maison intime de Gainsbourg ou donne l’impression d’un journal intime qui se déplierait dans cet espace en quatre périodes… Joseph Gainsburg, d’origine russe et pianiste-peintre fait découvrir à Serge, qui naît à Paris en 1928, Frehel, Trenet, Chopin et Gershwin. Dans les années 60, après avoir abandonné une carrière de « peintre maudit », Gainsbourg écrit ses plus belles chansons comme La Javanaise en hommage au couple Vian-Gréco, Laëtitia ou La chanson de Prévert, sort son album L’Histoire de Melody Nelson influencé par les Rolling Stones et le rock-funk anglais, et provoque un tollé général auprès de la critique en chantant Je t’aime…moi non plus avec Brigitte Bardot, puis Jane Birkin (« la première chanson hard jamais écrite dans les arts mineurs »…)
Dès lors, Gainsbourg véhicule l’image d’un dandy qui transgresse les valeurs établies, qui n’hésite pas à provoquer les français trop conservateurs en chantant une version reggae de La Marseillaise, Aux armes et caetera, enregistrée à Kingston, en Jamaïque, où il tombe amoureux de la musique noire « si proche de l’Afrique, si loin du gris anglais », de Jimi Hendrix à Marley en passant par Otis Redding. Années 80, Gainsbourg devient Gainsbarre, en abordant des thèmes polémiques comme la drogue, l’inceste ou l’homosexualité…Pour la pochette de You’re under arrest, il se fait photographié par Klein, travesti à la David Bowie. Pourtant, s’il faut creuser Gainsbarre, aller au-delà de la froideur, du cynisme et de la provocation, on y retrouvera l’homme qui a écrit Je suis venu te dire que je m’en vais, un standard sincère et mélancolique de la chanson française, qui le fait rejoindre la cour des grands comme Jacques Brel et Edith Piaf, véritables influences de l’artiste, comme on peut l’écouter dans la riche médiathèque suivant l’exposition. Aujourd’hui, que reste-il de Gainsbourg ? Julien Doré, Brian Molko et autres BB Brunes multiplient les références et les reprises… On est tristement loin du mythe.

Roseline Tran

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