Chronique : Werner Herzog


PLUS FORT QUE L'EXTASE DE SAINTE-THÉRÈSE

La rétrospective Werner Herzog





Tombé dans des oubliettes encore plus sombres que des salles obscures, la lumiere de Werner Herzog resurgit au Centre Pompidou jusqu’au 2 mars 2009. Profitez-en.

“Je n’entends pas ce que vous dites à cause du tonnerre que vous êtes”* : cette phrase prononcée du haut d’une cascade par un des personnages de la cosmogonie herzogienne est en realite l’écho de la force du cineaste bavarois. Si sa mise en scene est souvent comparée au romantisme allemand, Herzog s’en distingue au contraire, sans peur de forcer Goethe à faire quelques loopings dans sa tombe. “Amoureux du monde”, il puise litteralement son inspiration fougueuse dans l’univers de la poésie baroque. Etriqué dans la carcasse de ses films les plus connus et les plus fous furieux (Aguirre, la colere de Dieu, Fitzcarraldo, et Nosferatu), le genie de Werner Herzog a longtemps été associé à la figure de Klaus Kinski. En réalité ce dernier n’apparaît que dans 5 films, tandis que l’oeuvre d’Herzog – qu’il nomme son “peuple” - compte plus de 50 “membres”. C’est après un échec commercial que l’auteur de l’improbable Les Nains aussi ont commencé petits (dont la particularité est que tous les acteurs sont nains) tourne le dos à la fiction pour aller chasser des rêves dans la réalité vraie. Mais rien a voir avec le cinema-vérité, auquel il est viscéralement opposé. L’oeuvre documentaire de Herzog est aussi prolifique qu’unique, au point de faire figure de proue dans le domaine. En 2005, Grizzly Man, film d’archives et d’interviews retraçant la vie de Timothy Treadwell - l’homme qui voulut vivre parmi les ours dans une réserve et finit devoré par eux - marque les coeurs et les esprits. Werner Herzog revient ainsi sur le devant de la scène. Et pourtant, parmi les films programmes à Pompidou, nombreux sont ceux à être encore inédits en France. C’est le cas de son tout dernier documentaire, Encounters At The End Of The World, dans lequel Herzog raconte le Pole Sud, le bout de glace vers lequel les rêveurs sans racines choient naturellement depuis leur propre continent.

Quand Werner était petit, il rêvait de voler. Il y est parvenu en celluloid. Embarquez pour un voyage a bord de ses films. C’est extatique.

*White Diamond (2004)

Nora Mandray

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