Walk Hard, la légende de Dewey Cox


WALK HARD, LA LÉGENDE DE DEWEY COX


Réalisé par Jake Kasdan





Il n’est passé inaperçu pour personne que depuis quelques années, Hollywood exploite le genre du « biopic musical » : la biographie filmée d’un musicien et/ou artiste qui a a marqué l’histoire.
Ainsi, bien après le séminal Bird de Clint Eastwood, a déferlé sur nos écrans la vague des 8 Mile de Curtis Hanson, Ray de Taylord Hackford jusqu’au Walk the Line de James Mangold.

Ces biopics musical reposent sur la récurrence de traits et motifs qui raccordent le film à une certaine tonalité classique. Ainsi, il en va toujours dans les biopics d’une certaine propension au lyrisme mielleux, d’une immersion dans les affres de la création toujours dynamisée par ce balancement entre feux de la rampe et sphère privée. De fait, le geste de retracer l’existence du chanteur country Johnny Cash dans Walk the Line, implique un récit marqué par un manichéisme étroit dont l’effet dévoile une forme de tromperie par rapport au parcours et la personnalité de l’homme juché derrière son costume. Walk the line ne déroge pas à cette structure pesante d’un Destin Américain qui, du fait d’une soi-disant reconstitution biographique, impose cette dramaturgie permissive où le modèle réel se noie sous les flots de l’accroche émotionnelle. En dépit de l’image incarnée par l’acteur lui même, la structure reproduite à tour du bras du « biopic musical » souffre durablement de ces passages obligés où le personnage subit le fameux traumatisme d’enfance qui va ronger sa destinée et déséquilibrer ses relations sentimentales à jamais partagées entre raison et tentation. Dans le tableau pittoresque représentant l’existence de l’artiste dont on voit la vie défiler, le « biopic » dérape fatalement dans ces travers où la vie sur les routes demeure constamment synonyme de perdition et d’autodestruction avant l’appel de la rédemption.

Produit par Judd Apatow, Walk Hard constitue le pendant parodique de Walk The Line par sa manière toute comique de démonter les codes du biopic musical. Interprété par le génial John C. Reily, Walk Hard nous invite à suivre l’existence chaotique de Dewey Cox, chanteur country qui subira toutes les tentations narcotiques et se relèvera en traversant tous les courants de la musique pop. Coupable de la mort de son frère et considéré par son paternel comme l’éternel Caïn, Dewey Cox apprend le sens du dur labeur « I will walk hard » et se charge d’en faire un hit incontournable. De là un florilège de situations où l’artiste tourmenté revisite Dylan, tripe sous LSD en Inde avec les Beatles, démonte des lavabos et finit par chuter en rehab. Cette précieuse parodie qui se joue de l’image donnée de l’artiste dans les biopics, invite finalement à entendre que l’esprit rock se situe très loin de ces odyssées artistiques dont se sert Hollywood pour en vampiriser l’essence et nous les resservir en mélodrames édulcorés.

Romain Genissel

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