Exposition : Terre Natale - Ailleurs commence ici


TERRE NATALE - AILLEURS COMMENCE ICI


Exposition
De Raymond Depardon et Paul Virilio
Fondation Cartier, jusqu'au 15 mars




Si par le plus grand des hasard vous jetez les yeux sur cet article avant le 15 mars, précipitez-vous immédiatement au 261 boulevard de Raspail, métro du même nom, et ne perdez pas de temps à lire ce qui suit. A moins que vous n'ayez rien d'autre à faire dans le métro.

La fondation Cartier accueille une exposition montée par deux artiste : Depardon le bien connu pour le succès de son dernier documentaire, La Vie Moderne (QL n°0), et qui n'en est pas à sa première collaboration avec la fondation, et Virilio l'urbaniste, que l'on voyait déjà en 2003 proposer une réflexion autour du statut de l'accident et de sa médiatisation. Pour cette fois, le thème sera les mouvements de population. Ou plutôt, l'idée de l'errance et de la mobilité dans le monde d'aujourd'hui.

Si Depardon propose deux documentaires à la limite d'une platitude digne des jolis photos en couleur de Yann Arthus-Bertrand, et qui ne nous apprennent pas grand chose (les minorités sont exploitées et soumises à des pressions, en particulier économiques, qui dénaturent leurs cadres de vie et les empêchent de perpétuer leur façon de vivre et donc à terme leur culture – si je vous l'apprend retournez lire QL dans votre placard. Et on peut faire le tour du monde très très vite (en 14 jours pour Depardon) sans n'en retenir que des clichés), Virilio développe une réflexion à la fois plus poussées et plus intelligemment et esthétiquement mise en espace.

En s'appuyant sur des données statistiques très précises, il propose de visualiser les conséquences de ce qu'il explique en premier lieu (marchant en pied vers le spectateur dans une rue apparemment sans fin) : avec dix années en perspective où plus d'un milliard de personnes vont se déplacer, comment l'homme moderne va-t-il s'adapter ? « Le sédentaire, c'est celui qui part de chez lui, avec son portables, l'ordinateur, aussi bien dans l'ascenseur, dans l'avion, que dans le train à grande vitesse (…). Le nomade n'est nulle part chez lui » ou encore « Nous allons perdre notre identité au profit d'une traçabilité ».

Quarante-huit écrans accrochés au plafond diffusent dans la même salle des bouts d'actualité traitant de l'immigration actuelle. L'image saute d'un écran à l'autre, à moins que tous les écrans n'en fassent plus qu'un et ne forment une seule grande image. L'inondation ou le conflit armé envahissent progressivement l'espace et les réfugiés n'ont plus qu'à s'enfuir d'un écran à un autre...

La salle suivante propose « une visualisation dynamique à 360° des migrations de population et de leurs causes ». A voir pour le croire, à donner envie d'aimer la géo et les statistiques. A base de sons et d'images animées, la terre se déroule sous les yeux du spectateur et se déforme au gré du haussement du niveau de l'eau, où se peuplent de multiples points grouillants d'un pays à l'autre...

Impressionnant.

Piera Simon

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