Cyprien


CYPRIEN


Réalisé par David Charhon




Il y a en ce moment une tendance dans le cinéma américain à traiter avec brio et subtilité de ce nouveau type de personnes un peu bizarre au look décontracté et à la culture décalée : les nerds et les très informatisés geeks. Le récent Grands frères était un exemple de comédie réussie avec ce qu’il faut de démagogie pour être grand public mais aussi des dialogues savoureux et des acteurs en forme.

Comment le cinéma français allait-il se comporter, lui qui traite pour la première fois de ce nouveau phénomène de société : la culture nerd. Au départ, sur le papier, ça commence bien. Elie Semoun tient le rôle principal ce qui n’était pas arrivé depuis bien longtemps. En plus, son rôle est adapté d’une de ses petites annonces parmi les moins nulles. A ses côtés, Léa Drucker, Laurent Stocker ou encore Catherine Deneuve, peuvent également rassurer. C’est l’un des deux Air qui compose la BO, et elle est à cet égard plutôt réussie. Alors, est-ce que Cyprien est un bon film ?

La réponse est évidemment non. C’est une nouvelle daube comme seul le cinéma français sait le faire. Encore un film qui prend les gens pour des demeurés en enchaînant des gags qui peuvent éventuellement faire sourire les 7-12 ans. Encore des dialogues écrits à la cocaïne qui pue la prétention de ses auteurs à 100 mètres. Et surtout encore un scénario à faire passer le fils de 7 ans de Robert Rodriguez qui a écrit Shark Boy et Lava Girl pour un professeur de narratologie.

En bref, un gars vraiment moche travaille en tant que responsable informatique dans une boîte de mode dirigée par le fils débile de la patronne dépressive. Tous les matins il ramène des viennoiseries mais personne n’en veut, personne ne veut manger avec lui sauf une qui est plus moche que les autres filles et peut le comprendre. Mais un jour, on ne sait pas vraiment pourquoi, on lui demande quel serait son rêve le plus cher. Et là, eurêka, il se retrouve avec un déodorant qui le rend beau, enfin, le rend Elie Semoun sans ses dents pourries et son vilain teint. C’est aussi crédible que Gilbert Montagné qui se lance dans la politique, mais passons. Après, il a trop la classe et a même le loisir de calculer avec ses pouces la taille des culs des bonnasses de sa boîte. C’est fin, tellement fin qu’elles se battent pour le faire. Et tout le reste est du même acabit.

A un moment, Cyprien moche regrette que les belles histoires d’amour ne soient qu’au cinéma et de toutes façons le spectateur peut sortir de la salle. C’est vrai, c’est d’ailleurs ce qu’il reste de mieux à faire plutôt que d’aller voir cette horreur, une de plus à remporter le suffrage du public qui s’est une fois de plus berné. (Re)voyez plutôt Supergrave, c’est bien plus drôle et tellement, mais alors tellement, mieux écrit.

Mathieu Thill

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