L’Étrange Histoire de Benjamin Button


L’ÉTRANGE HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON


Réalisé par David Fincher




Il était une fois le roi kangourou qui savait l’heure qu’il était grâce à la grande horloge. Il était fois une Etrange Histoire née avec Mark Twain, élevée par Francis Scott Fitzgerald, et achevée par David Fincher. Il était une fois un homme au « curieux cas » : il naquit, vécut et mourut. Son nom était Benjamin Button.

Celui qui l’incarne, Brad Pitt, est fidèle à lui-même : il incarne, au sens étymologique du terme ; Tilda Swinton est fidèle à elle-même : une TRÈS grande actrice, et il est des premiers amours moins heureux ; Cate Blanchett est fidèle à elle-même : une superactress, et terrienne encore ! Disons plus clairement une femme. Une grande femme.

Rien de plus explicite, qui ne serait qu’inutile : les mots ne sauraient rendre justice qu’à un certain degré de ce qui dépasse le cadre, tout sauf simple, du seul plaisir des sens. Néanmoins, je vais employer ici un procédé inconvenant : le point par point. Il se dira que ce film verse dans le mélo ; mais le « mélo » concerne les clichés de l’amour, et l’amour ici présenté est tout sauf cliché.
Il se dira également que les violons ont une fois de plus une place tellement crispante qu’on en martyriserait les bras de son fauteuil, d’agacement ; les violons sont ici inutiles, tout comme peut être inutile au cinéma un éclairage captivant ou un acteur qui apparaît cinq pauvres minutes mais en faisant la performance de sa vie. Inutile n’est pas déplaisant, et ne rien apporter n’est pas devoir disparaître ; qui affirmerait le contraire serait un adepte de l’ultralibéralisme cinématographique. Dieu nous en préserve.

On entendra que le larmoyant n’est jamais loin ; erreur, la tristesse ressentie ici n’est pas celle qui engendre des larmes. Ou encore que le film repose sur ses effets spéciaux ; nul chef-d’œuvre officiel (i.e. qui a survécu aux années) ne se pare d’une authenticité factice, si chère aux bien-pensants. Le film sera encensé ou dénigré par chacun, parfois ignoré, mais ne sera pas (et n’a d’ailleurs pas été) récompensé par le « milieu » ; le milieu s’attend (en toute bonne foi) à ce qu’un film soit une célébration de la vie ou une évocation de la mort, qu’il traite de la profondeur du monde ou de la condition humaine. Ce n'est pas le cas ici. Saperlipopette ! Comment faire ?

Il sera enfin dit que l’on tient là le premier grand film du 21ème siècle. Chacun en a sa propre définition. Si certains y entendent le premier film traitant de l’Homme qui ne soit pas plus humaniste que nihiliste, ceux-là pourront y souscrire. Et connaître une chose rare : pouvoir sortir d’une salle en se disant que l’on n’a pas aimé ce film ET que cela valait quand même le prix du billet.

Cyril Schalkens

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