Personnalité du mois : Sean Penn


SEAN PENN





Personnalité insaisissable, comédien intuitif, cinéaste grandissant, Sean Penn est un acteur comme on n’en fait plus. Ses choix artistiques dévoilent un parcours sans faille auprès des réalisateurs de la région hollywoodienne et ses marges les plus fertiles. Ayant grandi dans un milieu familial chaotique et passé sa scolarité sur une planche de surf, le futur acteur a senti très vite une rage l’habiter et l’animer. Fougue viscéral qu’il a très vite reconnu à travers ses modèles d’acteur que sont les immenses Marlon Brando, De Niro, Nicholson et autres Dennis Hopper. Cette filiation seventies va alors pétrir le jeu de Penn et l’introduire directement dans la catégorie de ces acteurs bouillonnants, à l’affect rugueux et aux penchants sombres. En véritable bosseur qu’il est, Sean Penn s’est construit à travers sa filmographie, une image de ténébreux écorché qui navigue toujours au bord des abîmes et se ressource du côté des marges. Ses compositions dans Colors, She’s So Lovely (prix d’interprétation à Cannes), L’impasse, La Ligne Rouge, Accords et Désaccords, 21 grammes et Mystic River prouvent, s’il en est besoin, que Penn a offert tout son talent aux plus grands. Il a aussi livré sa gravité poétique et ses obsessions les plus tenaces à travers ses films que sont The Indian Runner, The Pledge, Crossing Guard et Into The Wild. Après quelques excès passés, Sean Penn s’est engagé politiquement en se rendant dès le début du conflit en Irak et en allant soutenir les populations de Nouvelle- Orléans. Sans doute cette position nouvelle l’a amené à revêtir les habits d’Harvey Milk dans le biopic que lui consacre Van Sant. Mais pour sonder l’âme de Sean Penn, il faudrait s’arrêter sur la pensée qui le traverse dans La Ligne Rouge de Terrence Malick : « Tout est mensonge. Tout ce que l’on voit et l’on entend ». Prenant acte de cela, le plus grand acteur de ces vingt dernières années se mobilise et ne ment pas.

Romain Genissel

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