Musique : "Nights Out" (Metronomy)


NIGHTS OUT


de Metronomy

Metronomy - Nights Out - édition deluxe by Karl Lagerfeld





Originaire du Devon, Metronomy se compose de Joseph Mount (composition, chant, guitare et claviers), Oscar Cash (saxophone, choeurs et claviers) et Gabriel Stebbing (claviers, choeurs et basse). Avec ses nombreux remixes (Sébastien Tellier, CSS, Klaxons, Gorillaz,…) et l’insuccès d’un premier album, Pip Paine (Pay The £5000 You Owe) (2006), Joseph Mount dû faire preuve d’une grande patience avant de voir son talent reconnu par le grand public. Aujourd’hui devenus les chouchous du couturier Karl Lagerfeld (celui-ci a utilisé une de leurs chansons pour un défilé, les a habillés pour le clip de leur dernier single et a réalisé le packaging de la version Deluxe de leur album), Metronomy ne serait-il qu’un groupe hype de plus, le dernier truc à la mode ? Absolument pas…

D’abord, il faut dire que ce Nights Out a de sacrés atouts, à commencer par sa capacité à faire danser les filles. De ce côté, la musique de Metronomy n’a rien à envier à celle de Justice ou de MGMT. D’ailleurs, il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter l’énorme tube Holiday, sur lequel on n’avait pas autant bougé son corps depuis le Blue Monday de New Order. De plus, là où les autres groupes se contentent généralement d’un seul tube par album, Metronomy en enchaîne au moins quatre (Radio Ladio, Heartbreaker, A Thing For Me). Derrière le minimalisme robotique des chansons, rappelant parfois Kraftwerk et Devo (ainsi que le montre le clip très coloré de Radio Ladio), se cachent des mélodies complexes et exigeantes. L’album est une succession de chansons freaks : des gimmicks de synthés, des claquements de mains, une guitare désaccordée, des sifflements, une basse vrombissante, un saxophone débridé,… Telle est la formule magique du son Metronomy, à la fois moderne et petit budget. Mais l’aspect cheap de ces morceaux, qui donne tout son charme au trio anglais, n’entame en rien la qualité des compositions.

Au-delà du manifeste hype, Nights Out dégage quelque chose de plus profond. Basé sur le thème des sorties nocturnes, l’album peut s’écouter du début à la fin, chacune des chansons étant comme chaque nouvelle d’un même recueil. Il est la bande son d’une soirée où les cœurs (brisés ?) ne sont pas toujours à la fête (On Dancefloors) et où l’inquiétude de ne pas revoir la fille qu’on a rencontré provoque insatisfaction et amertume (A Thing For Me). Les textes de Joseph Mount, simples mais justes, dépeignent à merveille la fragilité des liens contemporains, non seulement amoureux mais également amicaux : en témoigne le génial Heartbreaker, où une amitié masculine se trouve menacée car l’un bassine l’autre à trop lui parler de ses déboires amoureux. Derrière ces pépites electro-pop jubilatoires et dansantes se cache donc une certaine mélancolie, et c’est ce juste équilibre qui fait de Nights Out un très grand album.

Sébastien Jenvri

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