Musique : "Live in Japan" (Rodrigo y Gabriela)


LIVE IN JAPAN


de Rodrigo y Gabriela





Faisant officiellement suite à la sortie de leur dernier album culte, ce second album-live s’imposait déjà comme une référence pour tous les admirateurs invétérés du groupe mexicain, et concrètement comme un enregistrement à posséder absolument dans sa musicothèque. La formation comme son nom le suggère est composée de deux membres, Gabriela Quintero à la rythm guitar et de Rodrigo Sanchez à la lead guitar, ces deux anciens membres du groupe méconnu « Tierra Acida » puisent leur influences dans l’héritage métal et autres musiques de genre, bien que leurs instruments de scène se trouvent être de « simples » guitares classiques. L’originalité de Rodrigo y Gabriela est le mélange de styles musicaux à priori incompatibles, tels les riffs de guitare saturée de groupes de rock bien mûrs combinés aux arpèges providentiels d’une guitare flamenca, qui donnent lieu à un rendu final extrêmement agréable à écouter, à la fois pour le néophyte friand de nouvelles sonorités entraînantes, et le puriste toujours prêt à analyser le jeu d’un musicien-technicien. Les deux seules guitares classiques du groupe (+ ajout d’une troisième guitare sur quelques chansons dans l’album studio) sont maniées avec maestria par les deux acolytes qui se complètent à la perfection, chacun jouant son rôle à merveille.

En effet, la superposition de deux jeux radicalement différents enrobent divinement leurs partitions ; la lead guitar de Rodrigo enchaîne méticuleusement au médiator la profusion de notes qui composent leur œuvre, le tout à des tempos variables, alternant tantôt un toucher frénétique type Carlos Santana, un jeu en arpèges nébuleux de Led Zepellin et un gratté très rude mais maîtrisé sur les cordes de basse, tandis que la rythm guitar de Gabriela uniquement jouée via ses menottes, soutient les morceaux, d’accords de guitare et de petites facéties manuelles et stylisées (blocage des cordes à l’aide l’index, claques et pichenettes sur la caisse), qui sont joués en simultané à une vitesse d’exécution tout simplement hallucinante. Cette complémentarité entre Rodrigo et Gabriela comble les carences musicales que pourraient supposer une formation répondant à ce schéma finalement très épuré, et tout particulièrement pour un live.

Pour qui a déjà participé à l’un des concerts du duo, ce Live in Japan retranscrit à l’identique la liesse de la foule conquise. Ok tokyo est la première piste de cet album, introduisant discrètement une petite instrumentale timide à base de notes étouffées et de petits accords dociles pendant près de trois minutes, puis enfin après un accord final, le silence de courte durée laisse enfin le champ libre à leur talent qui s’exprimera par la suite de manière incontinente. Ce morceau est une sorte de hors-d’œuvre, prélude à la folie, et un prétexte pour montrer un aperçu de leur technique hors du commun, notamment grâce à un habile dialogue entre les deux guitares. Juan loco, comme son l’indique est une chanson assez déjantée, une intro assez brute, des arpèges éphémères, puis des accords criards joués au médiator, s’ensuit un retour au calme de courte durée avant de replonger à nouveau dans cette folie mélomane d’une richesse musicale ébouriffante. Viennent alors Orion, la fameuse reprise en acoustique de Metallica, dans sa version écourtée, puis Foc dont le premier riff de guitare d’à peine 20 secondes aura mis le feu avant d’être interrompue, moyen utilisé pour chauffer à blanc le public et le rendre encore plus hystérique, avant de filer vers un point de non-retour avec solos en pagaille et reprises pêchues (9’15’’).

La chanson suivante Satori permet une certaine coupure pour que l’auditoire puisse souffler, et Ixtapa, le fameux titre ou le solo est joué par un violon, ne souffre aucunement de l’absence d’un archet puisque la démonstration de Rodrigo atteint des sommets de perfection. Les titres Viking Man dont le thème principal est entonné par le public, Take five qui semble être jouée dans son intégralité en sourdine, et One parce qu’il faut se faire plaisir sont des exclusivités puisqu’ils ne font pas partie de l’album Rodrigo y Gabriela (hormis Viking Man, mais cette version bénéficie d’une rythmique encore plus dynamique). Gabriela Solo et Rodrigo Solo sont des expériences qu’il est frustrant de ne pas pouvoir vivre visuellement, des prouesses techniques et un Medley de haute qualité. Enfin arrive le trop culte Stairway to Heaven qui installe le silence dans la salle. A écouter dans le silence total. L’accord de La mineur qui clôt ce chef-d’œuvre n’arrivera jamais puisque le groupe enchainera directement sur les morceaux très connus Tamacun et Diablo Rojo (et son solo magique sur l’unique corde de Mi aigu…), parfaits pour se quitter avec un sourire béat. Et l’impression malgré la taille de la salle, qu’on a assisté à un bœuf entre potes. C’est ce qui fait l’apanage des grands groupes… et un groupe de guitare comme celui-là, on n’en avait pas vu depuis l’époque du Friday Night in San Francisco.

de ??? et ???

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