Réédition : The Mark of Zorro (1940)


THE MARK OF ZORRO (1940)


Réalisé par Rouben Mamoulian




Marqué du M de Mamoulian, Le Signe de Zorro (1940) est bien plus qu’un film de cape et d’épée de l’âge classique hollywoodien, bien plus qu’un volet parmi d’autres de la saga Zorro. Certes moins « olé olé » que les volets plus récents et en couleur du ténébreux héros, ce film, approuvé par la censure de l’époque, révèle cependant toute l’intelligence et l’élégance de son réalisateur. A l’origine, Le Signe de Zorro fut choisit par la Fox pour répliquer au succès du Robin des Bois technicolor de la Warner, filmé sous la caméra curtizienne. Ainsi, Zorro, autre héros hors-la-loi, ami des pauvres, se substitue à Robin, il n’en reste pas moins que Zorro est un personnage bien plus sombre et filmé de manière beaucoup plus énigmatique par la caméra mamoulienne.

Don Diego Vega, jeune cavalier, doit partir de Madrid pour revenir chez lui à Los Angeles où il apprend que son père a dû laisser sa place d’alcade à un avide et despotique Don Quintero. Celui-ci abuse de son autorité pour s’enrichir, protégé par le capitaine Esteban (Basil Rathbone), véritable ennemi de Zorro. Don Diego décide alors d’enfiler un masque pour pouvoir se venger. Après Douglas Fairbanks en 1920, c’est Tyrone Power qui se cache ici sous le masque du justicier Zorro.

Le Signe de Zorro scelle l’entrée de Mamoulian au sein du studio de la Twentieth Century Fox et continue sa réflexion sur le thème du double, car chez Mamoulian, tout est double, tout se reflète et tout a une ombre. Déjà ses précédents héros portaient en eux la marque de cette dualité métaphysique, division entre le bien et le mal dans Docteur Jekyll et Mister Hyde, division entre l’homme et la femme dans la Reine Christine, et nous voici avec un autre personnage du double, Zorro, divisé entre son côté aristocrate superficiel (Don Diego Vega) et son côté vengeur masqué (Zorro).

Choix personnel du réalisateur, Mamoulian préfère tourner Zorro en noir et blanc plutôt qu’avec le technicolor du Robin des Bois. Choix adroit et subtil de Mamoulian, dont la caméra apparaît bientôt aussi affûtée que l’épée de son héros. Le noir et blanc distille un charme énigmatique, allanr de paire avec le mystère Zorro. Don Diego évolue ainsi entre ombre et lumière, entre secret et vérité. Le film pourrait presque s’appeler « Zorro ou comment le noir et le blanc s’engendrent et se divisent » (Pierre Berthomieu). Bien entendu, le noir et blanc garde l’idée d’une division, mais Mamoulian dépasse cette frontière manichéenne. Le personnage Zorro s’engendre des ombres romanesques de la caméra mamoulienne, il se crée dans l’obscurité et la noirceur. Zorro est un héros de la vengeance. Son épée est à double tranchant, elle menace aussi bien le pauvre au début qu’elle lutte avec le méchant à la fin. Bien entendu, Zorro n’est pas un héros du mal, mais il porte en lui une noirceur qui ne peut être oubliée.

Le dynamisme du film réside aussi bien dans la fine lame de notre héros que dans le style très chorégraphié de Mamoulian, où les duels sont filmés comme des danses. Tous ces duos (danses et duels) sont des moments particuliers où les personnages s’unissent et se divisent. Ainsi, Lolita Quintero (Linda Darnell) et Don Diego ne forment plus qu’un lorsqu’ils dansent. Au contraire la scène finale du duel, opposant les deux personnages antagonistes, Esteban et Don Diego, met en scène le bien et le mal.

Finalement, on pourrait presque rebaptiser ce film « The Mark of Mamoulian ».

Magdalena Krzaczynski

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