Watchmen

de Zack Snyder


Adapter une des plus grandes bandes dessinées de tous les temps, œuvre d’un artiste qui est, dirons-nous, en froid avec Hollywood, avait tout de l’entreprise vouée à l’opprobre du Bédéphile et au mépris du Cinéphile. Mais quand on s’appelle Zack Snyder, que l’on a apporté une pierre fort agréable aux films de zombie pour son premier opus (L’armée des morts), que pour la suite (300) l’on a créé avec bonheur le concept de « péplum-épique-à-l’esthétique-clipesque » (avec tout ce que cela pouvait comporter de risques, rien qu’à l’énoncé…) on peut au moins s’estimer capable d’être capable d’en avoir la capacité…

De fait, on a qualifié le roman graphique d’inadaptable (terme insensé en soi : toute œuvre est adaptable, mais beaucoup sont mal adaptées…) : le réalisateur relève le défi avec brio, grâce à un respect évident du matériau original, à ses effets de « ralenti dynamique » qui commencent à être réputés et qui sont en très bonne adéquation avec les impressions ressenties à la lecture d’un bon comic book, notamment sur les scènes de combat, et bien sûr aux effets spéciaux qui permettent de restituer au mieux le visuel du 9ème art (plus près que cela, il faudrait de la performance capture…)

Sans avoir lu le roman graphique, on peut supputer que l’on va voir un film de super-héros. Le genre au son duquel nombre de puristes cinématographiques se bouchent immédiatement le nez. Mais c’est oublier que d’une manière ou d’une autre, ces êtres surhumains constituent nos mythes modernes. Et que se passe-t-il alors quand un mythe entre dans la déchéance ? Imagine-t-on Superman interdit de vol ? Spider-Man n’ayant plus droit qu’au grand écran pour seule toile ?

Et bien tel est ici le propos : des êtres complexes avec des problèmes de libido, de gestion de leur sociopathologie, de désoeuvrement, de mégalomanie, de soucis conjugaux ou de vision du monde en (au moins) quatre dimensions, dont il s’avère, de surcroît, qu’ils ont des pouvoirs.

Le propre du fantastique de qualité est d’offrir une profondeur de réflexion, par un prisme qui a un certain impact sur la pensée du spectateur : l’apparemment irréel. Il y a, dans un certain sens, plus de profondeur dans 2001, l’Odyssée de l’espace ou dans La Ligne Verte que dans un film d’Ingmar Bergman… et cette profondeur est accessible (diantre, un gros mot…)

Et bien, Watchmen est un film fantastique de qualité.

Cyril Schalkens


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