De Bastien Vivès
Édition KST
Teintes pastels crayonnées et absence de contours nets, cette petit bd est le journal intime d'un amour, tout en délicatesse et en précision, saisissant les moindres expressions de la jolie étudiante rousse autour de laquelle se tisse le récit. Juste une rencontre comme beaucoup d'autres, de la bibliothèque de la fac à une soirée ciné et un premier baiser. Mais le parti-pris de l'auteur est de tout montrer en « plan subjectif » : embrasser les yeux fermés c'est donc à l'image, logiquement, une case noire. On ne sait pas grand chose du personnage qui porte ainsi son regard sur le monde, mais en choisissant de concentrer les images sur la jeune étudiante, Bastien Vivès est parvenu à échapper au piège que tend le point de vue subjectif : le lecteur se sent proche du personnage, dont on voit après tout le reflet dans les yeux de la jeune fille... Très loin des dessins bleus et blancs cernés de sa bd précédente (Le Goût du Chlore), Dans mes Yeux reprend l'idée d’une délicate histoire d’amour, dont les limites spatio-temporelles sont soigneusement bornées : de la même façon que Le Goût du Chlore se passait exclusivement dans les limites d'une piscine municipale, Dans mes Yeux conserve soigneusement les limites que garantissent le titre. L’histoire se passe dans « mes » yeux – ceux du personnage, ou du lecteur…
Piera Simon
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