Coco avant Chanel


COCO AVANT CHANEL


De Anne Fontaine
Avec Audrey Tautou et Benoît Poelvoorde




Dans la série des très à la mode biopics, on remarque cette année un engouement particulier pour Coco Chanel, figure emblématique de la femme moderne. Après un téléfilm plutôt confidentiel pour Arte et avant l’attendu Chanel & Stravinsky de Jan Kounen (film de clôture du prochain festival de Cannes), c’est ce mois-ci Anne Fontaine qui s’attaque au mythe en portant à l’écran, sous les traits d’Audrey Tautou, la jeunesse de l’éternelle demoiselle.

Avant d’acquérir la renommée qu’on lui connaît, Gabrielle Chanel est abandonnée par son père à l’orphelinat d’Obazine avec sa sœur. Elle ne le reverra jamais mais n’aura de cesse de s’inventer un père et une enfance tantôt idylliques, tantôt misérables. Par la suite, elle rencontre Etienne Balsan, qui deviendra son amant puis son protecteur, dans un beuglant de province où elle fait un numéro de chant sur « Coco du Trocadéro » (ce qui lui vaudra d’ailleurs son surnom). Quittant sa province et l’arrière-boutique du tailleur chez qui elle faisait des ourlets, Chanel s’installe chez Balsan à Compiègne où elle découvre la vie de cocottes et de fêtes de la bourgeoisie parisienne. Rebelle aux conventions de l’époque, elle monte à cheval comme un homme, s’habille des vêtements de ses amants et veut s’affranchir par le travail. Boy Capel, son grand amour, ne l’épousera jamais mais lui permettra d’ouvrir sa première boutique.

Le choix de raconter la jeunesse de Chanel pour exprimer ses inspirations et les origines de ses légendaires créations est certes judicieux (on apprend de quel épisode plein de romantisme est née sa fameuse robe noire et la libération du corset) mais la structure narrative est tellement linéaire que le film en devient une succession d’anecdotes. Cadres, lumières, musique restent sans surprise ; si ce n’est quelques faux raccords un peu déroutants au sein du conventionnalisme de la mise en scène. Les dialogues aussi manquent d’éclat et d’audace en comparaison avec le mordant des célèbres phrases de Coco Chanel, repérables immédiatement tant le reste semble meubler. Le résultat n’est ni vraiment ennuyeux ni déplaisant mais, loin d’être révolutionnaire, ne se distingue guère de tout autre biopic lambda. Si l’avant-dernière séquence, dans l’escalier aux miroirs de la rue Cambon, lors du premier défilé révèle plus d’originalité de la part de l’auteure d’Augustin, Roi du Kung Fu, la réjouissance est de courte durée, le film s’achevant ensuite par un flash back des « moments clés » pris à rebours, des plus clichés et inutiles.

Heureusement, Audrey Tautou, sans être transcendante, et que l’on ne placerait pas favorite dans l’inévitable comparaison avec Anna Mouglalis (la Coco Chanel de Jan Kounen), tient plutôt bien son opiniâtre personnage et séduira les spectateurs les plus romantiques.

Ana Kaschcett

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