DVD : Dernier maquis

DERNIER MAQUIS

Réalisé par Rabah Ameur-Zaimech
Avec Rabah Ameur-Zaimeche, Abel Jafri, Christian Milia-Darmezin
Édité chez Arte Video




Un film qui ouvre à la réflexion. Loin d’être didactique, Le dernier maquis présente des instants de vie au fin fond d’une zone industrielle et laisse au spectateur le soin de se faire son opinion. Poétique, la séquence finale – à l’image du film – laisse un goût doux-amer.

La religion est présente, oppressante. Elle est à la fois le moyen pour les travailleurs, semble-t-il, d’avoir un point d’ancrage, de « maintenir la tête hors de l’eau » en quelque sorte, et à la fois un outil pour Mao, patron d’une entreprise de réparation de palettes et d’un garage de poids-lourds, de contrôler son personnel.

Il cherche à faire se convertir à l’islam un maximum de ses salariés. Il a conscience de la force de la religion et en joue. Il fait ouvrir une mosquée alors même qu’il doit de l’argent à ses employés, mosquée dont il nomme lui-même l’imam, ce qui soulève des contestations. Il va jusqu’à menacer de faire sauter les primes de ceux qui ne se rendraient pas à la mosquée. On voit bien toute l’ambigüité de la religion et de ses usages.

Un deuxième point d’accroche apparaît dans le film, quand Mao décide de fermer son garage. Apparaît alors toute l’impuissance des mécanos. Lorsqu’ils demandent leur soutien à ceux travaillant à réparer les palettes, ils doivent essuyer un refus. A ce moment précis, l’un d’eux symbolise parfaitement la détresse du groupe : ne sachant plus que faire, il menace d’un pistolet ceux qui, finalement, n'y sont pour rien dans sa situation.

Certaines images sont assez insolites, comme lorsque l’on voit trois employés faire leur prière devant une trentaine de palettes rouges empilées ou encore lorsqu’un ragondin est retrouvé dans un des bâtiments. Autre moment qui fait sourire, mais de ce sourire qui « blesse » un peu, lorsque les mécanos tentent de négocier des tapis contre des réparations sur une voiture.

Au final, ce film ne « dit » pas grand-chose mais c’est peut-être cela aussi sa force, de ne pas trop en dire et tout (tant !) laisser à penser. On y voit l’âpreté du quotidien. Dans le climat actuel, Le dernier maquis est comme une fable politique amère ; un récit de vie qui émeut, déstabilise mais en même temps, étrangement, donne envie d’être fort.

Sonia Déchamps

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