Exposition : Jacques Tati


JACQUES TATI : DEUX TEMPS, TROIS MOUVEMENTS





La Cinémathèque française rend hommage à Jacques Tati depuis le 8 avril jusqu’au 2 août. L’occasion est ainsi donnée aux spectateurs de se (re)plonger dans l’univers poétique du génie du burlesque français.

Un soleil printanier, un chien joue avec un ballon, des enfants courent autour d’un manège chantant, une femme mange son sandwich sur la pelouse mal tondue tout près d’un banc vide. Ce pourrait être une scène décrivant l’ancien quartier du village de Mon Oncle mais c’est en fait l’esprit même de Tati qui plane au-dessus du parc de Bercy. Sur le bâtiment de la Cinémathèque, à l’architecture froide et excentrique, tranchant complètement avec la vie du parc, l’affiche de l’expo et l’ombre de monsieur Hulot imprimée sur le mur nous invite à entrer. A l’intérieur, le travail scénographique de Macha Makeïeff et Stéphane Goudet (commissaires de l’exposition) est un véritable émerveillement qui, grâce aux trouvailles visuelles et sonores, plonge le spectateur dans l’univers original de Tati. Le jeu de piste labyrinthique de l’expo nous mène de gauche à droite vers les objets mythiques des films (la raquette de Hulot, le siège coquetier et le sofa de Mon Oncle, la bicyclette de Jour de Fête, etc.), des documents vidéos, des photos, des tableaux, des notes du cinéaste,… le tout exposé, de manière ironique, derrière des vitrines. Retraçant dans le désordre chronologique l’œuvre de Tati, tout en reproduisant l’absurde modernité tant décriée dans ses films, l’expo est une sorte de mise en abyme où le musée devient le prolongement du film. Toute l’intelligence de cette expo est ainsi de perpétuer l’enchantement des films de Tati, en respectant à la fois la simplicité du langage de l’homme à la pipe et son regard semi-amusé, semi-critique sur la modernité. En ayant choisi de faire simple et épuré, les commissaires ont su faire de cette expo un bel hommage, sans aucune lourdeur, et accessible à tous les âges (les enfants seront particulièrement touchés) et aussi bien aux connaisseurs qu’aux simples curieux. Pour toutes ces raisons, rendez-vous à la Cinémathèque française. C’est Jacques Tati, c’est toujours aussi moderne et c’est jusqu’au 2 août.

Sébastien Jenvrin

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