DVD : L’Héritière


L’HÉRITIÈRE


Réalisé par William Wyler
Avec Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson
Édité chez Carlotta




Pour la première fois en DVD : L’Héritière, film savoureux aux 4 oscars. William Wyler (réalisateur, également, de Ben Hur) signe ici (1949 !) un long-métrage « charming », avec des personnages hauts en couleurs, pour un moment hors du temps.

Dans ce film, il est question d’amour, d’argent, de trahison… Des ingrédients bien communs certes, mais dosés comme ils le sont dans ce film, on ne peut que leur découvrir des saveurs nouvelles.

Nous sommes à la fin du XIXème, dans une grande maison austère au mobilier imposant. Y vivent un veuf inconsolable, sa sœur – veuve un peu « fofolle » - et sa fille – timide à l’extrême, sans éclat.

Le couple formé par le père et la fille est captivant. Elle le regarde pleine de confiance et d’admiration ; il la méprise : « Tu possèdes la qualité suprême (…) ton argent (…) Tu n’as que ça ! » l’entend-on dire. En effet, il ne croit pas en la sincérité du jeune homme manifestant de l’intérêt pour sa fille et disant l’aimer (prétendant cynique incarné par Montgomery Clift). Comment un jeune homme pourrait-il la trouver séduisante ? Cette gourde qui n’est ni attirante, ni vive d’esprit. Ralph Richardson est glaçant, imposant en père autoritaire. Il faut avouer que la cruauté qu’il manifeste – dans ses propos - envers sa fille, est assez jubilatoire.

Le personnage de la tante vient contrebalancer la dureté du père dans la demeure. Les moments de complicité partagés avec sa nièce sont attendrissants et on se prend d’affection pour cette femme qui se réjouit du fait qu’un homme s’intéresse (enfin !) à Catherine et qui fait tout pour aider les « tourtereaux ».

Le jeune couple fait également des étincelles. Elle d’abord : timide, naïve, qui fuit quand on l’approche de trop près : « Vous êtes d’une hardiesse ! » ; lui, sûr de lui et charmeur. Et quand bien même il ne souhaiterait l’épouser que pour l’argent qu’elle représente en qualité d’héritière ? Qu’importe finalement ? Elle a bien vécu des années avec un père qui – elle s’en rend compte un peu tard – la méprise.

Les relations entre les différents personnages sont particulièrement travaillées et on assiste à un ballet des plus intéressants. La pauvre Catherine, son passage d’une jeune fille timide – touchante mais presque par pitié – à une femme cruelle est froide – pleine d’une certaine rancœur - est particulièrement bien interprété par Olivia de Havilland.

Les décors ont une importance toute particulière. La grande maison de Washington Square devient comme un vase clos, un espace oppressant. Les costumes et la musique (de Copland !) parviennent à donner à ce drame des allures – par moment- de conte de fée à la Disney. La scène du bal en est le parfait témoin.

Adaptation parfaitement réussie de Washington Square d’Henry James, L’héritière se regarde avec délectation. Grand classique hollywoodien en noir et blanc, il n’a pas perdu, un demi-siècle après sa sortie, une once de charme.

Sonia Déchamps

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