Millenium

LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES
Millenium

Réalisé par Niels Arden Oplev
Avec Michael Nyqvist, Noomi Rapace, Lena Endre




"Une idée simple mais fausse aura toujours plus de poids dans le monde qu'une idée vraie mais complexe." Cette phrase de Tocqueville, Stieg Larsson, l’auteur de la trilogie Millenium, a du la savoir à l’époque où il était plus connu pour son engagement contre l’extrème-droite en tant que journaliste.
Simple comme le mal peux l’être, complexe, comme le chemin pour retrouver un coupable, voilà jetée les fondations d’une histoire policière.
Son adaptation cinématographique ? Pas révolutionnaire, même si la Suède ajoute un parfum inattendu. Outre les paysages enneigés et la beauté de la langue, les acteurs, la musique et la montage, tout trois efficaces et bien sentis « règle la question » cinématographique assez vite.

Et pourtant, même cinéphile et sans avoir lu la trilogie, la fascination pour Millenium opère.
Tous ces personnages sont habités et finissent par nous habiter. Ils sont issus de la modernité et c’est sûrement ce qui les rapproche de nous. Ils se servent d’ordinateurs, de téléphones portables, les coupent quand ils ne veulent plus être dérangé. Comme dans « The Chaser » , autre polar moderne, sud-coréen cette fois, la zone où le portable ne passe pas est celle ou le crime s’opère…

Mais les deux personnages principaux sont au cœur de ce sentiment de modernité :

Michael Nikvist joue Mikael Blomkvist, journaliste suédois populaire engagé mis à mal par la justice, comme en son temps, l’auteur, Stieg Larsson.
Appelé à la rescousse par le patriarche d’une famille d’industriels suédois pour résoudre un vieux crime, le journaliste se fait détective.
Ce « nice guy » à la suédoise, sera épaulé dans sa quête de vérité par une jeune femme, Lisbeth, pas franchement glamour, punkette et énigmatique, d’un « féminisme brutal », comme l’écris Florence Aubenas dans une chronique du Nouvel Obs au sujet de Millenium. Elle est incarnée par une courageuse débutante, Noomi Rapace (ça ne s’invente pas…), qui a prêté corps et âme (piercing, boxe, moto) à ce premier rôle.

Le tandem est déroutant, épatant, se cherchant autant l’un l’autre que la résolution de l’énigme, chacun amenant sa conception de l’enquête et ses solutions techniques ou humaines. Ils sont différents mais ils ont tout deux quelques chose à racheter, et en premier lieu, leur honneur bafoué.

Alors bien sûr, la perversité de la violence du film fascine. La maladie d’Asperger (le syndrome du geek) qui affecte Lisbeth est une facétie d’écriture. Le journaliste Blomkvist est un monument de « bien-pensance » de gauche. Oui, mais l’essentiel est là, la mayonnaise prends, le film marche et il s’agit là du meilleur film policier européen que j’ai vu depuis bien longtemps.

Georges Coste

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