Antichrist

De Lars von Trier


Un couple saisit au milieu d’un violent orgasme qui ne voit pas leur fils tomber de la fenêtre. Une mère (Charlotte Gainsbourg) rongée par le deuil. Eden, un lieu où « le chaos règne ». Du sang, beaucoup. Et la nature ; démoniaque nature, s’immisçant entre les amants.

Voilà un aperçu du dernier film de Lars von Trier, réalisateur danois qui s’est fait une place dans le cercle restreint du cinéma d’auteur avec Dancer in the Dark , pour lequel il remporta la palme d’or en 2000.

Pour certains un OVNI, pour d’autres un navet, Antichrist ne cesse de faire parler de lui depuis sa froide réception à Cannes ; où l’on a vu des spectateurs quitter la salle en pleine séance. D’abord mélodrame épuré, le film s’enfonce progressivement dans une atmosphère irréelle et inquiétante, pour finir avec une symbolique claudicante : la nature est l’église de Satan, la nature de la femme est mauvaise etc. Les indices déployés à la fin, qui devraient éclairer le comportement de la mère, n’expliquent rien et insufflent une pointe involontaire de grotesque. Alors on se tire les cheveux, on se demande où l’on veut en venir. Peut-être le réalisateur ne le sait-il pas lui-même. Son Antichrist semble se réduire dramatiquement à la projection narcissique de ses démons intérieurs. Ceux-ci contaminent en effet le film jusqu’à ce qu’il y ait overdose. La scène de mutilation de la 88ième minute était-elle nécessaire ? Et que dire de celle de la minute qui suit ?

Tel un corbeau, le film tourne autour de la peur, pièce maîtresse du scénario. D’abord on cherche à l’exorciser par des moyens communs – c’est là que les talents du mari psychanalyste, William Dafoe, rentrent en jeu – ensuite on imagine le lieu de villégiature le plus insupportable pour le couple endeuillé et on l’y emmène, en feignant de ne pas voir le masochisme de l’entreprise. Mais, attendez…parle-t-on toujours des peurs de la mère, où bien est-on passé insensiblement à celles du réalisateur ? Le film devient malaisément prétexte : prétexte à une explosion de violence, à une esthétisation de la nature aussi, appuyée par une panoplie d’effets spéciaux qui surgissent inopinément. Il n’en reste pas moins que, visuellement, on y trouve quelques trouvailles (les corps blancs enchevêtrés parmi les racines). Or elles s’assortissent douloureusement à cette persistante sensation de décalage, de fausse note, que la superbe performance des acteurs – voir à ce sujet l’article sur Charlotte Gainsbourg en page une – ne camoufle qu’à moitié. Le film reste une curiosité, sensorielle et visuelle. Pour les hommages, on reviendra…

Elise Le Corre


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1 commentaire:

  1. Des scenes chocs qui s'accumulent, du sang, du cul et au final, Mr Lars von Trier, je me suis ennuyé pendant 1h44. Charlotte gainsbourg toujours aussi repoussante.

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