Departures

De Yojiro Takita


Après Tokyo Sonata et Still Walking, c’est ce mois-ci Departures de Yojiro Takita qui nous propose de nous plonger dans l’univers du cinéma japonais. Sans être aussi enthousiasmant que les premiers, Departures traite avec une certaine grâce d’un sujet tabou au Japon : le rituel de mise en bière des morts.

Daigo Kobayashi rêvait de devenir violoncelliste, mais quand son orchestre tokyoïte se dissout faute de public, il décide de tout quitter pour retourner vivre, avec sa femme Mika, dans la maison de son enfance. Sans qualification, il atterrit alors dans une entreprise s’occupant de la mise en bière des défunts, travail qu’il apprendra à aimer et qui l’aidera à se construire malgré la barrière des tabous liés à ce métier au Japon.

Si l’on est accroché avec une certaine fascination par cette histoire autour de la culture du rite funéraire japonais, cela vient surtout du fait que ce rapport à la mort semble exotique à notre regard occidental car le film en lui-même révèle peu de surprises. La première séquence nous montre une mise en bière effectuée par Daigo, dès l’ouverture on connaît donc son activité, ce qui fait tomber un peu à plat l’incongruité de sa recherche d’emploi. A l’image de ce démarrage, les évènements du film s’enchaînent sans grandes surprises jusqu’à la fin.

On ne peut nier à Departures certaines qualités. L’histoire est racontée avec une certaine pudeur, une sensibilité tout à fait charmante et beaucoup de délicatesse, mais il lui manque le brin d’audace et la douce folie qui nous ont fait tant aimer des films comme Tokyo Sonata ou The Taste of Tea de ses compatriotes Kiyoshi Kurosawa et Ishii Katsuhito.

Les musiciens semblent occuper une place toute particulière dans l’imaginaire japonais, chez Yojiro Takita, pas de pianiste prodige, pas d’oncle chanteur déluré, mais un violoncelliste raté qui n’arrivera à se faire plaisir qu’en jouant pour lui, pour ses souvenirs, comme une ode à sa mère décédée ou son père absent et à une nouvelle vie qui s’est libérée en ayant renoué avec son passé. L’idée est belle, on s’identifie plus facilement à ce mode d’expression musicale simple et sans prétention. Cependant, la bande son composée par Hisaishi, compositeur connu pour son travail sur les films de Myiasaki notamment, devient quelque peu redondante et donne au film une atmosphère un tantinet mielleuse.

On aurait pu espérer un peu mieux d’un film récompensé par l’oscar du meilleur film étranger cette année, mais si Departures n’a pas la petite touche en plus qui nous fait vibrer, on passe tout de même un agréable moment qui nous permet de découvrir que les japonais ont d’autre rite aussi fascinant que leur célèbre cérémonie du thé.

Ana Kaschcett


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