DVD : The President’s Last Bang

de Im Sang-soo

The President’s a bien mérité de figurer sur la liste des films en compétition à Cannes en 2005. C’est une vraie surprise car on n’avait jamais vu une œuvre coréenne si satirique et d’une telle approche documentaire pour raconter un évènement politique et historique.

Im Sang-soo est un réalisateur comme on les aime, car il lui a certainement fallu énormément de culot pour raconter les faits survenus lors d’une nuit d’octobre 1979 : l’assassinat par des sympathisants démocratiques du président Park Chun-hee, dictateur de Corée du Sud à la fois anti-communiste et anti-américain. Park était pourtant très bien protégé, entre ses gardes du corps et ses ministres, présents lors du meurtre. Justement, les responsables étaient de ceux-là et le principal conspirateur était son plus proche ministre, qui dirigeait la CIA locale.

Voilà toute la trame d’un film à la mise en scène très sobre, car sans artifices (quasi absence de musique, montage lent etc.), ce qui contribue à son authenticité.

Le président n’en est pas le héros, tout juste un figurant, car ce sont les conspirateurs qui mènent le bal et leur jeu d’acteur est si juste qu’il rappelle étrangement les films noirs américains.

La première partie du film se focalise sur la préparation de ces hommes qui imprègne dans l’air une certaine tension. La deuxième porte la réaction du gouvernement et les condamnations qui s’en suivent. Au milieu de ces deux parties distinctes, il y a bien évidemment l’assassinat. Le rythme ne brille pas de rapidité mais de l’attente des évènements, qui semblent s’opérer comme dans une partie d’échecs décisive.

Pour le peu que le président est présent à l’écran, il est représenté comme un sympathisant de la culture japonaise (le meurtre a lieu dans un restaurant nippon) au tempérament trop gourmand de nourriture, de boisson, d’argent et de sexe. Cette image de feu le président fut sujet de scandales, parce que ses anciens sympathisants et sa famille étaient encore très nombreux en Corée et constituaient l’équivalent de notre Extrême-Droite en France. Le film a d'ailleurs été amputé de passages se moquant du président Park. Heureusement, nous pouvons dorénavant voir ce film politique très controversé, et pourtant très réussi, dans son intégralité.

Bastien Delgay

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