DVD : Wayne Wang


COFFRET WAYNE WANG


"Un Millier d'Années de Bonnes Prières"
"Dim Sun"
"Chan is Missing"
"La Princesse du Nebraska"

Édité chez TF1 Video




On retrouve, dans ce coffret, les thèmes de prédilection de Wayne Wang : la question de l’identité culturelle (coutumes, langue…), de l’intégration des immigrés chinois aux États-Unis, mais aussi celle des relations entre différentes générations.

Un millier d’années de bonnes prières et Dim Sum présentent une certaine unité, en ce sens qu’ils sont des films assez contemplatifs, et qu’ils abordent tous deux – plus nettement que les autres - la question des différences générationnelles. Dans Un millier de bonnes prières, une trentenaire reçoit chez elle, aux Etats-Unis, son père, tout droit venu de Chine. Dans Dim Sum, l’héroïne (trentenaire également), vit avec sa mère. Une certaine sérénité plane sur ces deux films, quand bien même ce qui est montré à l’écran n’est pas si « serein » que cela. La princesse du Nebraska et Chan is Missing sont plus bruyants, plus dynamiques (dans le traitement de l’image).

Chan is Missing – film en noir et blanc sorti en 1982 – est l’histoire de deux hommes qui partent à la recherche d’un mystérieux individu – Chan Hung, disparu alors qu’il leur devait de l’argent. Le film se présente un peu comme un documentaire. En voix-off : l’un des deux hommes menant ce qui devient une véritable enquête. Des gens sont interrogés, une piste en amène à une autre… L’histoire est en réalité un prétexte pour rencontrer des personnages très différents, et témoigner de la difficile conciliation entre identité chinoise et identité américaine. Le stratagème est judicieux et fonctionne totalement. Le spectateur ne décroche pas, sans savoir s’il veut réellement savoir où a disparu l’homme en question, ou si simplement, il se plaît à partir à la découverte.

Au détour d’une conversation, un homme affirme : « Une femme peut quitter Chinatown mais que jamais Chinatown ne la quittera ». La rencontre est notamment faite avec la fille dudit Chan ; celle-ci possède deux noms : son nom américain et son nom chinois. Ce ne sont que deux exemples de questionnement sur l’identité soulevés par ce film.

L’usage de la musique est particulièrement intéressant ici. Accentuée, exagérée, à certains moments de « l’enquête » - comme lorsqu’un pistolet est découvert, elle contribue au charme du film.

Il est touchant de voir dans Dim Sum la mère (qui vit depuis 40 ans aux États-Unis) vouloir attendre pour qu’on lui offre un voyage en Chine. Attendre quoi ? D’être naturalisée, car si elle souhaite se rendre dans son pays d’origine, elle veut que ce soit en Américaine. Il est plutôt amusant d’entendre une autre femme chinoise, relativement attachée aux traditions, parler de la série télé Dynastie, ne voulant pas manquer un épisode.

Un millier d’années de bonnes prières et La princesse du Nebraska forment un diptyque dressant les portraits de deux femmes totalement opposées. Leur sortie simultanée est très intéressante en ce que les histoires contées, mais également la façon dont elles sont filmées, sont radicalement différentes.

Dans Un millier d’années de bonnes prières, la relation entre le père et la fille est à la fois belle et dure. Avec le père arrivent les traditions ; traditions qu’il est impensable pour lui d’abandonner. La fille, elle, a évidemment adopté les usages américains. L’incompréhension entre les deux personnages et le silence qui s’installe entre eux sont marquants. Ainsi, une forte mélancolie se dégage de ce film. Très épuré, lent, calme, plein de silences, il ne lasse pourtant jamais.

Jamais – ou presque – la caméra ne se détache de Sacha, dans La princesse du Nebraska. L’image bouge, comme pour témoigner de l’agitation se produisant dans l’esprit de la protagoniste (elle se rend à San Francisco pour se faire avorter). La question de la communication – toujours présente dans ces films – est ici développée à travers l’usage du téléphone portable. C’est grâce à ce dernier que Sacha communique avec ses amis de Pékin. Elle écrit en phonétique ou en anglais (absence de touches « chinoises » oblige), leur envoie des vidéos…

Ce coffret est un petit bijou de finesse, d’esthétisme et… de sens.

Sonia Déchamps



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