Édito de juin


Avec un retard que l’on jugera mérité, Quartier Libre fête le dernier numéro d’une année universitaire houleuse et (presque) achevée. Pour consolider son sommaire, la rédaction a cru bon attendre quelques semaines et l’envoi des premières bobines cannoises pour faire le tri. On ne reviendra pas sur cet état des choses mais le nombre exponentiel de sorties hebdomadaires reste un vaste écran de fumée qui cache la plupart du temps une pauvreté artistique et une prise de risque minime. L’Amérique plutôt absente (d’où notre intérêt pour la reprise du premier Scorsese et la découverte du dernier FF Coppola) reste en même temps ultra présente avec ses images surgelées, creuses et exportables à l’infini… On attendra la sortie du prochain Michael Mann et Tarantino parmi le torrent de blockbusters estivaux pour voir si, de ce côté, l’espoir est encore de mise.

Truffaut disait : « En France, tout le monde a deux métiers, le sien et critique de cinéma. ». Ce qui revient à dire que tout le monde détient une opinion sur les résultats du festival de Cannes. Et le scepticisme étant la seule vraie manière de voir les choses, on émet de sérieux doutes sur la remise de la palme d’or par la présidente du jury, Isabelle Huppert, à son ami et versant glacial Michael Haneke. Le plus cynique des réalisateurs replonge glorieux dans son océan de cinéma arctique et finit d’achever la respectabilité de ladite récompense. Et florilège d’une discussion entre Sean Penn et Huppert dans Première avant le festival. Penn : « Avez-vous prévu de donner une ligne directrice pour juger des films ? ». Réponse d’Isabelle : « Moi, non […] Je ne veux pas aller sur ce terrain là. ». Plus loin : « Ca doit être amusant de se croire roi d’un jour et d’ériger ses propres règles, en faisant semblant de croire que vos sujets vont faire semblant de s’y soumettre. ». Ivresse du pouvoir, quand tu nous tiens…

A quelques pas du cinéma en France, la fameuse loi Hadopi et ses sanctions abusives ont été déboutées par le conseil constitutionnel. Le duo Sarkozy-Albanel a imaginé un projet de loi obsolète, inopérant et qui a finalement permis à notre omniprésident de faire un appel du pied à quelques vieux artistes dépassés. Le téléchargement étant ancré dans les mœurs, et le projet Hadopi qui n’aurait rien reversé aux artistes déjà peu aidés par leurs producteurs, la TVA et les grandes surfaces culturelles, on estime que ce projet était tout simplement bidon. Et même si pour la pérennité de la création artistique, des mesures (réfléchies) doivent êtres prises, rien ne nous empêchera de dire que télécharger un album et aller au concert, pirater un film et continuer de se rendre au cinéma reste une formidable liberté pour le consommateur affolé de 2009.

Tout cela pour clamer un heureux « Charlotte for Ever » et informer que Quartier Libre reviendra dès Septembre, avec un autre format et un nouveau nom.

Romain Genissel

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